Dans nos précédents articles, nous avons abordé les fondements de la coiffure à domicile.
Aujourd’hui, nous abordons son avenir. Et même si l’avenir semble radieux, de nombreux changements sont à prévoir. Et quelques risques encourus.
Ce que le changement peut être :
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Changement de statuts
Si l’auto-entreprenariat est parfait pour faire le premier pas, il ne peut être le statut qui accompagne toute une carrière. On l’a vu, d’abord pour une question de couverture sociale, mais aussi pour des raisons de capacité à créer de la valeur, notamment celle du fond de commerce. Aujourd’hui, il se résume peu ou prou à un répertoire téléphonique. Mais cela est dû à l’incapacité du statut d’auto-entreprise à faire entrer la notion d’investissement pour l’activité. Frais, charges, achats de produits… Rien n’est amortissable. Et en parallèle, après abattement réglementaire, le CA est taxé à hauteur de 25%. Puis imposé sur les revenus. Double sanction. Et même si beaucoup se plaindront des charges d’une SASU ou EURL, 100% des achats et charges d’activité sont déductibles. Cela ouvre aussi aux financements bancaires qui permettent la gestion d’entreprise à moyen terme.
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Organisation
Tous les opérateurs qui jusqu’à là avaient boudé la coiffure à domicile vont essayer de rattraper leur retard. Et on le sait, certains sont déjà à l’œuvre. Pas pour aider ce segment. Juste pour maintenir leur croissance, après avoir essoré le segment salon. Alors ils vont bien finir par proposer des solutions 100% adaptées à la coiffure à domicile. En tenant compte des caractéristiques fiscales. Mais attention, il ne faudra pas faire les mêmes erreurs que les salons.
Si les franchisés ont pu bénéficier de l’organisation des enseignes avec qui ils se sont engagés, les salons indépendants eux ont été des vaches à lait pour beaucoup d’opérateurs. Malgré certaines instances qui sont censées les représenter, beaucoup se sont retrouvés à travailler pour payer les charges d’abord. Et surtout les fournisseurs qui avaient imposé des conditions désavantageuses.
La coiffure à domicile devra se fédérer pour éviter ces mêmes écueils.
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Coworking
Peu importe la forme, mais une partie de la coiffure à domicile doit revenir en salon. D’abord pour sa santé. Mais aussi pour sa santé et sa propre rentabilité. Elle devra organiser sa clientèle différemment. Évaluer la rentabilité de chaque déplacement. Conserver les clients les plus rentables. Et centraliser les autres en un seul point, afin de mieux organiser son portefeuille d’activité. De plus en plus présent sur les réseaux sociaux, ce mode de travail ne concernera pas toute la coiffure à domicile, mais sera certainement la prochaine évolution à suivre pour une partie d’entre elle. (plus d’info).
On ne dit pas que cela concernera 100% de la coiffure à domicile. Mais c’est dans cet optique que le secteur doit tendre. 1 heure de déplacement en moyenne par jour. Frais de déplacement et panier moyen pris en compte, les calculs ne sont pas bons, Kevin.
Malheureusement, les changements engagés ne sont pas sans risques. Et les deux principaux sont déjà connus.
La santé au travail
Canal métacarpien, allergies, postures de travail… La liste est longue. Finalement, le premier des risques. On l’a dit, et on le répétera. La coiffure est un métier avec son lot de maladies professionnelles. Et la coiffure à domicile ne déroge pas à cette situation. Voire, elle y est plus exposée. En effet, la pratique à domicile inclut la manipulation des produits générateurs de problèmes de santé bien établis. Mais en plus, sa pratique implique des conditions d’exercice sans la majeure partie du matériel adéquat. Et des risques liés à un environnement non adapté, et des postures de travail qui en découlent.
Le risque majeur
On voit de plus en plus de demandes de salon qui cherchent des freelances. Et de plus en plus de coiffeuses à domicile qui cherchent des missions. Mais attention : ce modèle depuis longtemps pratiqué aux USA n’a juridiquement pas sa place en France. Certains essaient d’y mettre un cadre, mais celui-ci mène irrémédiablement vers l’uberisation. C’est-à-dire la baisse des tarifs. L’appauvrissement des travailleurs. Et l’augmentation des risques sociaux. Si vous voulez avoir une image de cette situation, vous n’avez qu’à vous pencher sur ce qui se passe aujourd’hui pour les travailleurs d’Uber et UberEats. Sur le papier, c’est la libéralisation. Dans la réalité, c’est la baisse d’acquis sociaux, de réductions des standards qualité et en définitive, la dégradation d’un marché qui est déjà en souffrance.
Sans être Madame Irma, cet avenir pour la coiffure à domicile est probable.
Il sera cependant conditionné par les choix que la majorité du marché fera.
La notion de “consommacteur” devient une nécessité. Il faudra donc être très vigilant sur les décisions qui seront prises par ce marché. En évitant les décisions qui ont été prises, à son détriment.