2 mois après la reprise, les choses ne sont pas revenues à la normale. D’aveux de nombreux salons de coiffure, le pic d’activité post-confinement est retombé. Certains constatent même un ralentissement de leur activité. Entre surcoût de services, et réduction de l’espace de travail, l’avenir immédiat semble compliqué pour le secteur. Et l’avenir à moyen terme l’est tout autant.
 
 

Confinement / déconfinement / reconfinement ?

 
La première raison est que le covid-19 et toujours là. La sérénité n’est toujours pas de mise. Les professionnels de la coiffure ont fait un pas de plus dans la numérisation, mais la crainte d’une “2 ème vague” complique la vision à court terme. Les prochaines vacances scolaires, traditionnellement plus calmes pour le secteur, font poser questions. Certains n’auront pas d’autre choix que d’ouvrir pendant cette période. Le mois de septembre sera décisif pour beaucoup d’entre eux; les indicateurs sanitaires et économiques devront être observés de très prés. Des situations comparables à l’Allemagne ou l’Espagne seraient dramatiques pour beaucoup d’entreprises françaises.
 

Les risques à venir

 
Le plus grand risque à court, moyen, ou long terme est le dépôt de bilan.Mais ceux qui survivent devront être vigilants.
On l’a vu, les grands acteurs de la coiffure se sont mobilisés pendant cette crise. Comme beaucoup d’autres, le secteur est en faiblesse.Il peut être amené à accepter de nouvelles conditions, et de nouvelles dépendances. Les grandes marques et grands réseaux devraient sortir par le haut de ces événements. Le reste de la profession devra gérer au jour le jour l’urgence. Il devra aussi être vigilent sur les décisions à prendre pour le moyen terme. Une vague de licenciement semble menacer tous les secteurs d’activités.Celui de la coiffure devrait donc être concerné. Avant la crise, plus d’un salon sur deux n’avait déjà pas d’employé. Ce nombre augmentera donc, ainsi que l’incapacité à gérer un flux client que la numérisation est supposée apporter. L’approche industrielle du métier de la coiffure risque d’être mise à mal, si de nouvelles collaborations ne sont pas créées.
 

“Les grands gagnants” de la crise

 
Sans surprise, les freelances à domicile sont considérés comme les « grands gagnants » de la situation. Peu d’entre eux décrivent une situation catastrophique: Plus numérisés, plus mobiles et moins de charges. Autant de raisons qui permettent aux freelances de ne pas couler pendant la tempête. Le sentiment de concurrence déloyale des salons vis-à-vis des coiffeurs à domicile risque de s’accentuer. Mais ces derniers auront un rôle déterminant dans cette situation post-crise. Le marché ne sera plus jamais le même et le secteur aura besoin de se réinventer.
 
 

Problèmes de recrutement 2.0

 
La crise covid-19 s’ajoute aux problèmes récurrents du secteur de la coiffure: 10 000 employés en moins sur ces 10 dernières années, et 20 000 freelances en plus. L’arrivée de nouveaux statuts juridiques et le montant élevé de charges pour les salons expliquent ces chiffres. 1 entreprise de la coiffure sur 3 est un coiffeur freelance. Cette tendance devrait se confirmer dans les mois qui viennent. Les problèmes chroniques de recrutement dans la coiffure vont donc accroître. De nouveaux dispositifs favorisant la formation ont été créés mais leurs effets ne se feront sentir seulement que d’ici 3 à 5 ans. Le secteur devra donc être inventif pour contourner ces problèmes.
 

Les solutions

 
La numérisation de la coiffure s’est accélérée. Elle fait indéniablement partie des solutions à cette crise. Le numérique est un outil au service des entrepreneurs de la coiffure. Les solutions préfabriquées ont le mérite d’apporter une réponse immédiate. Elle peuvent cependant créer une dépendance morbide. Les freelances ont tiré leur épingle du jeu parce que ces outils sont plus adaptés à leurs quotidiens. Et sans doute grâce a leur clientèle fidélisée. Pour un salon, la prise de rdv contre tarif low-cost n’a de sens que s’il transforme ce passage en clients récurrents. Une trop grande part au client « acheté » réduit considérablement les marges, et implique une grande volumétrie de clients .Seuls les salons avec employés peuvent se permettre ce type de modèle économique. Les autres devront donc s’inspirer de modèles plus agiles, pour répondre à ces nouvelles réalités. Nombre de projets start-ups autour de la coiffure émergent. Certains d’entre eux apporteront des solutions. Les salons devront (encore) modifier en profondeur leur organisation de travail. Un modèle économique “mixte” qui fait cohabiter fidélisation et industrialisation semble aujourd’hui incontournable. Et le secteur de la coiffure semble prêt à cette nouvelle mutation.