La révolution

Si vous êtes un professionnel de la coiffure, vous l’avez constaté. Le secteur est en train de vivre sa révolution numérique. Il suffit d’aller faire un tour aux MCB pour pouvoir le constater. Avec plus de 6 milliard d’euros de chiffre d’affaire, c’est un secteur en constante augmentation. Ce chiffre fait de la coiffure le deuxième artisanat de France. Cette croissance se retrouve chez des acteurs historiques de plus en plus puissants. Grâce à son réseau de 24 franchises et sa marque de produits professionnels de la coiffure, Franck Provost en est le meilleur exemple. L’explosion de l’activité Barbier ou Barbière valorisent le métier et permet d’équilibrer le panier moyen coupe homme/coupe femme de manière logique et nécessaire. De nouveaux acteurs numériques tels que Planity, le Ciseau ou encore Wavy proposent référencement, prise de rendez-vous en ligne ou encore logiciel de caisse et autres services numérique. Leur approche du métier industriel se calque sur des réalités économiques qui échappent souvent au salon de coiffure artisanal traditionnel.
Coiffeurs et coiffeuses Freelance
Les coûts liés à l’ouverture d’un salon nécessitent une gestion plus « industriel » du métier, ou l’humain est moins pris en compte. Ces contraintes réduisent le nombre de candidats à la reprise ou création de salon. C’est majoritairement à cause de ces raisons que les salons de coiffures considèrent les coiffeurs et coiffeuses à domicile comme une concurrence déloyale. Il y a aujourd’hui près de 22 100 coiffeurs(ses) à domicile, sur les 85 000 entreprises de la coiffure. La conséquence immédiate se répercutent sur les salons qui peinent à recruter. Nombre d’employés de la coiffure préfèrent suivre la voie de l’entrepreneuriat, largement promu par des grands acteurs comme l’Oréal.
L’ouverture d’un salon nécessite l’obtention d’un BP. C’est donc naturellement que les coiffeurs diplômés de CAP se positionnent sur une activité freelance pour entreprendre à domicile. Cependant, 40 % des coiffeurs à domicile interrogés déclarent vouloir accéder ponctuellement au confort d’un fauteuil en salon. Cette nouvelle forme de « concurrence » pourrait devenir un atout, dès lors que les deux types d’entreprises, freelance et salons, décideront de travailler ensemble. La location de fauteuil Cette « désertion » des salons, crée un nombre de fauteuils inoccupés important. 45% chez les salons interrogés déclarant avoir un fauteuil vacant. La location de fauteuil devient alors comme une évidence. L’UNEC parle même de « Phénomène de la location de fauteuil ». Elle permet au salon d’optimiser son matériel et espace disponible, et d’augmenter son chiffre d’affaire sans travailler plus. Elle permet aussi aux coiffeurs et coiffeuses à domicile de coiffer leurs propres clients, dans le confort du salon de coiffure, tout en réduisant ses frais de déplacement. 55% des salons précisent avoir des difficultés à recruter. Ce mode de travail recrée aussi du lien entre professionnels de la coiffure, et peut ainsi faciliter le process de recrutement.

Questions d’ordre juridique

Il est autorisé à n’importe quel salon de louer un fauteuil disponible. Cette relation B to B se contractualise traditionnellement par une location au mois, voire à l’année. Ce modèle utilisé depuis toujours aux Etats-Unis n’est pas obligatoirement le format le plus adapté aux besoins du secteurs français. La nécessité pour le freelance locataire d’avoir un BP en a limitant le développement. Pour les titulaires d’un CAP, il n’est pas impossible de louer un fauteuil mais dans des cas plus limités, tel que la location de fauteuil dans un commerce d’activité complémentaire, dans une ville de moins de 2000 habitants. La startup Hairb2b, coworking de la coiffure, cherche un format plus agile avec la possibilité de louer un fauteuil à la demi-journée, journée ou semaine. Comme pour tous les secteurs d’activité, le virage numérique s’impose à la profession. Comme pour toute révolution, cela ne se fera certainement pas sans douleur, avec un grand risque « d’ubérisation ». Mais Le marché semble enfin prêt à évoluer vers de nouveaux modèles.